Que faire chez soi pour économiser de l’eau ?
L’eau a une très grande valeur
Il est donc important de mettre en place des démarches qui passent par la mise en place d’équipements performants, mais aussi par un changement d’habitudes.
Ouvrir le robinet pour se brosser les dents. Prendre une douche. Mettre en marche la machine à laver. Autant de gestes ordinaires du quotidien effectués sans y penser. Pourtant chacune de ces actions est liée à une ressource indispensable : l’eau.
Avec le réchauffement climatique, le climat, à Genève, pourrait être en 2090 celui des Pouilles, dans le sud de l’Italie, selon une projection réalisée en se basant sur les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et l’approche dite des « jumeaux climatiques ».
Dans ce contexte, protéger et économiser l’eau est une priorité.
En 2023, 58 millions de m3 d’eau potable, soit l’équivalent de plus de 23 000 piscines olympiques, ont été distribués dans l’ensemble du canton.
Le secteur domestique représente à lui seul 89% de la consommation. L’arrosage, avec 5%, se classe devant l’agriculture (3%) et l’industrie (2%).
A Genève, la consommation d’eau potable par habitant dans l’habitat collectif est de 142 litres par jour. Les Services industriels de Genève (SIG) précisent : « En moyenne, un ménage genevois consomme 120 m3/an. Ces consommations sont très différentes selon les ménages et leur intérêt pour le développement durable. Un ordre de grandeur à garder en tête est qu’un ménage habitant une villa consomme plus qu’un ménage en appartement. Une différence qui s’explique en grande partie par l’arrosage. »
Malgré une croissance démographique continue, la consommation en eau s’est stabilisée autour des années 80 avant de diminuer au cours des trente dernières années. Une situation qui s’explique par une attitude plus économe de la part des consommateurs, des équipements moins gourmands en eau et des campagnes de sensibilisation, notamment auprès des plus jeunes.
Au même titre que les sources d’énergies telles que le mazout, le gaz et l’électricité, l’eau peut faire l’objet d’économies.
Responsable du service technique pour la gérance institutionnelle et commerciale à la régie Moser Vernet & Cie, Monsieur Alexandre Poncy analyse : « Ces dernières années, les agences immobilières se sont surtout concentrées sur le chauffage en raison de la loi sur l’énergie et de l’indice de dépense de chaleur (IDC). Les hausses de prix en 2023 de 16% pour le gaz naturel et de 18% pour l’électricité cette année ont renforcé cette démarche. »
Jusqu’à présent, les efforts visant à économiser l’eau sont restés marginaux en raison de son prix peu élevé. A Genève, il faut compter de 1,50 à 2,80 francs pour 1000 litres. Par ailleurs, l’eau froide n’est pas facturée au locataire.
Une régie qui s’engage
Cependant la prise de conscience vis-à-vis de l’environnement rebat les cartes. « En tant que régie, précise Monsieur Alexandre Poncy, lorsque nous intervenons lors de rénovations d’appartements, nous installons des équipements permettant de réduire la consommation d’eau tels que des mousseurs et des mitigeurs. L’électroménager pour les nouveaux logements ou lors de remplacement d’appareils est choisi en fonction de sa consommation d’énergie et d’eau. »
Mais la démarche va encore plus loin puisque la régie contrôle régulièrement la consommation d’eau des immeubles qu’elle gère.
L’entreprise Signa-Terre Spécialiste en stratégie immobilière durable, est un partenaire de longue date de la régie Moser Vernet & Cie.
Responsable de la planification des visites d’immeubles chez Signa-Terre, Monsieur Guillaume Gangneux explique : « Nous fournissons à la régie des données précises concernant le contrôle et la surveillance des flux énergétiques dans ses immeubles. Cette veille technique concerne également la consommation d’eau. Si celle-ci varie de maniére anormale à la hausse ou à la baisse, la régie est instantanément alertée. Elle peut ainsi détecter les causes et agir rapidement. »
La recherche débute par un contrôle généralisé des robinets et des chasses d’eau. La fuite minuscule d’une chasse peut entraîner la perte de plusieurs centaines de litres d’eau par jour.
Simon Lefort, gérant responsable de la gérance résidentielle et des copropriétés, précise : « Si aucune anomalie n’est détectée, nous installons alors une caméra sur le compteur d’eau. Elle va analyser la consommation en continu. Par exemple, une consommation élevée pendant la nuit révèle une fuite sur le réseau. »
Séparer les eaux
Ces dernières années, Genève s’est lancée dans d’importants travaux afin de séparer les eaux pluviales et les eaux usées provenant de l’activité quotidienne, c’est-à-dire douches, bains, cuisine.
Simon Lefort précise : « Auparavant, elles étaient collectées ensemble et traitées ensemble, ce qui entraînait une saturation des stations d’épuration des eaux usées. La séparation permet d’éviter cet engorgement car les eaux de pluie, qui sont non traitées, sont directement évacuées dans un cours d’eau ou le lac. »
Conseils malins
Que l’on soit locataire ou propriétaire de villa ou d’appartement en PPE, quelques mesures permettent de réduire sensiblement la consommation d’eau. Par exemple, en adoptant des gestes quotidiens écoresponsables et en installant des dispositifs simples et peu onéreux notamment sur les robinets et la douche.
Les WC sont les plus voraces en eau. Ils utilisent 42 litres d’eau par personne et par jour, soit 30% de la consommation par habitant.
Mais ils représentent aussi un poste d’économie non négligeable avec l’installation de toilettes disposant d’une chasse d’eau à deux vitesses. Ce système nécessite entre trois et six litres à chaque utilisation contre neuf à douze litres pour une chasse simple.
Si la chasse est ancienne, remonter le bouton après évacuation permet d’interrompre le processus et d’économiser l’eau. Il existe aussi dans le commerce différents systèmes simples à installer. Le plus répandu est un petit cylindre de métal qui alourdit le dispositif de coupure d’eau. Ainsi, la chasse ne se videra pas complètement à chaque utilisation.
Pour leur part, les bains et douches représentent 26% de la consommation d’eau avec 37 litres par personne par jour. Mais mieux vaut chanter sous la douche que dans son bain ! Une baignoire pleine nécessite entre 200 et 250 litres d’eau. Un chiffre qui tombe entre 125 et 150 litres pour un bain rempli à moitié. Mais le plus économe reste la douche qui nécessite environ 15 litres par minute. Une performance qui peut être améliorée en installant un pommeau de douche économe qui permet de baisser le débit jusqu’à 5 litres par minute. Le confort ressenti en se lavant est le même car le jet de douche est enrichi d’air. A savoir : les modèles les plus économes sont classés « A » sur l’étiquette-énergie.
Le temps de douche ne doit pas dépasser cinq minutes et il faut couper l’eau pendant qu’on se savonne. Un réflexe à adopter aussi au lavabo dont les ablutions constituent 11% de la consommation d’eau d’une famille. De plus, l’installation d’un économiseur sur un robinet réduit le débit et diminue la consommation de 30 à 50%.
Petite astuce : si le robinet est équipé d’un mitigeur, il faut placer le levier à droite quand on a terminé, ce qui évite de soutirer de l’eau chaude à la prochaine utilisation.
Vive les programmes éco !
Vaisselle à la main ou à la machine ? La réponse est sans appel : le lave-vaisselle. En effet, à la main, le lavage peut nécessiter jusqu’à 200 litres d’eau alors qu’un appareil moderne utilise moins de 10 litres et moins d’un kilowattheure d’électricité pour la vaisselle quotidienne d’une famille.
A la main, il est possible de réduire la consommation d’eau en utilisant deux bacs : l’un pour laver ; l’autre pour rincer. L’ordre de lavage compte aussi : verres, assiettes et tasses, couverts, plastique et ensuite casseroles.
De son côté, la consommation d’eau du lave-linge compte pour 12% des 142 litres d’eau par personne utilisés au quotidien. L’appareil représente 17 litres par jour, il faut donc éviter de le faire tourner à moitié plein.
Pour le lave-vaisselle et le lave-linge, les programmes éco sont à privilégier. Leur durée est nettement plus longue que celle d’un cycle classique car l’eau est chauffée progressivement. Cette progression lente de la température permet d’économiser jusqu’à 40% d’énergie. La quantité d’eau est elle aussi réduite.
Une belle pelouse, une terrasse ou un balcon agrémentés de plantes, des extérieurs végétalisés autour de l’immeuble… L’entretien de ces espaces peut se faire tout en économisant l’eau.
L’arrosage d’un jardin est estimé entre 15 à 20 litres par mètre carré, soit quelque 2000 litres annuels pour une surface de 100 m2. Une tonte entre 6 et 8 cm donne une pelouse plus résistante et nécessite beaucoup moins d’eau.
Une astuce efficace et simple : installer des récupérateurs d’eau de pluie à la descente des gouttières.
Pour l’arrosage, il faut privilégier les équipements goutte-à-goutte, les micro-asperseurs et les tuyaux poreux moins gourmands que les jets.
Le moment de la journée est aussi important : tôt le matin et tard le soir afin d’éviter une trop forte évaporation due à la chaleur.
Le choix de pots traditionnels en terre, qui diffusent l’eau par capillarité, permet aussi de faire des économies
Et demain ?
L’eau de pluie, qui représente environ 900 mm par an à Genève, constitue une importante ressource à exploiter.
A l’avenir, elle pourrait ainsi être utilisée pour les WC et les espaces verts.
Dans les immeubles neufs, la mise en place d’un dispositif d’eau de pluie permettrait une utilisation pour le nettoyage de locaux ne nécessitant pas l’usage d’eau potable.
La généralisation de la douche à la place de la baignoire est aussi une grande tendance dans les nouvelles constructions.
"La régie Moser Vernet & Cie s’inscrit pleinement dans cette démarche en effectuant les choix les plus économes en matière de consommations électriques et d’eau"
Photographies :
- Signa-Terre, https://www.signa-terre.ch/
- Monsieur Alexandre Poncy, responsable du service technique pour la gérance institutionnelle et commerciale
- shutterstock
- Simon Lefort, gérant responsable de la gérance résidentielle et des copropriétés
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