Les plus beaux écoquartiers à Genève
Les plus beaux écoquartiers à Genève
Les écoquartiers sont constitués d’organismes et d’individus qui donnent littéralement naissance à une expérience, à un partage de biens communs. Du terrain au logement, découvrez certains écoquartiers de Genève.
Les temps changent lentement. La période de semi-confinement due à l’épidémie du coronavirus l’a montré, il n’est pas simple de s’adapter à une nouvelle manière de vivre. Pourtant, depuis une dizaine d’années, des coopératives s’occupent de mettre en place de nouvelles façons de concevoir, de construire et de gérer la ville, notamment à Genève. Le phénomène des écoquartiers prend de l’ampleur en suivant la tendance de la vie labellisée écologique.
Exit la vision des bâtiments locatifs sur le modèle haussmannien ou les barres d’immeubles des années 1970. Place au développement durable, à la création de quartiers écologiques et d’habitations dans des zones de développement favorisant la mixité sociale. Pour vivre bien, pour le vivre ensemble, la vision commune des écoquartiers se fonde sur le mode de vie et les habitudes sociales. Alors, qu’est-ce qu’un écoquartier?
Alors, qu’est-ce qu’un écoquartier?
Les Vergers, havre de paix
Sur le modèle du slow food, un écoquartier ne se construit pas en quelques années, cela prend du temps. C’est une philosophie en soi dans la ligne de ce que les habitants veulent en faire. Il s’agit de prendre le temps de répondre aux exigences d’une certaine manière de vivre plus que d’un besoin.
«Ce sont des habitations communautaires, dont le principe participatif permet une implication depuis le départ, explique Viorel Ionita. Je suis un architecte et j’habite à Meyrin, dans l’écoquartier des Vergers. Je suis membre de la coopérative participative d’habitation Polygones qui m’a permis de participer activement au processus de construction de l’écoquartier depuis le début.» La coopérative Polygones a obtenu un terrain en location pour 99 ans afin de construire cet écoquartier. Peu à peu, ses membres ont décidé d’élargir leur communauté et le comité a démarré son travail.
L’organisation, la vie communautaire, le concours d’architecture remporté par le bureau genevois Bonhôte Zapata architectes SA et, depuis 2013, la construction. «Ce qui détermine le label écoquartier, c’est premièrement une dimension sociale, par rapport à la question de la participation. La mise en avant de cette dimension sociale s’est traduite d’une manière innovante par la création de la Fondation Qualité de vie de Quartier par plusieurs coopératives d’habitation dont la mission est de favoriser l’activité et le commerce de proximité ainsi que les activités d’animation dans l’écoquartier.
Écologique parce qu’il suit une vision globale pour la production d’une énergie centralisée renouvelable et que les immeubles répondent au label Minergie imposé pour diminuer au maximum les besoins et consommations énergétiques. La gestion globale du quartier se reflète également dans la gestion des eaux pluviales – le lac artificiel des Vernes fonctionne autant comme bassin de rétention à ciel ouvert qu’une réserve naturelle et un écosystème protégé. Dans la même perspective, les terres excavées ont été réutilisées sur place dans le cadre d’un projet global des aménagements extérieurs.
Il est aussi nécessaire que les immeubles soient garantis au niveau des labels fondés sur le principe de maison écologique, octroyés par la Confédération. Chaque Canton applique sa version de la loi sur l’énergie, sachant que les exigences genevoises sont plus élevées. «Il est bon d’être conscient de son environnement. Les Vergers arbore le label Minergie et notre immeuble a été le premier du canton à obtenir la labellisation complète Minergie P-A-éco. Ce dernier désigne des constructions à très basse consommation d’énergie qui exigent une enveloppe thermique très performante dont l’étanchéité à l’air est garantie afin d’éviter toute déperdition de chaleur. Minergie-A est orienté vers une économie de la consommation d’électricité et demande un monitoring énergétique ainsi qu’une efficacité élevée de l’éclairage. Ce label impose également que tout l’électroménager figure dans la classe A+ ou A++ et,
dans notre cas, l’énergie consommée est produite par des panneaux photovoltaïques recouvrant la quasi-totalité de la toiture», explique le coopérateur. Le label Minergie éco consiste à s’assurer que les matériaux utilisés soient écologiques et préservent la qualité de l’environnement intérieur et la santé de ses habitants.
Aux Vergers, des équipements publics ont été intégrés au projet global du quartier: une école, des commerces, des bureaux, des cabinets de médecins, bref tout ce qui favorise une vie en autonomie. L’endroit est également bien desservi par les transports publics dans une perspective de densification du territoire. La fin de la réalisation du chantier et l’inauguration de toutes les résidences écologiques sont prévues pour fin 2020.
La Jonction, pionnière
Le tout premier écoquartier en Ville de Genève date de novembre 2014. Il se situe entre la rue du Stand, la rue du Vélodrome, le boulevard Saint-Georges et le cimetière des Rois. Vous reconnaissez le quadrilatère? «Propriété de la Ville de Genève, du canton et des SIG, cet écoquartier a longtemps été en friche», raconte Éric Rossiaud, président de la Codha, la coopérative de l’habitat associatif, et représentant du maître de l’ouvrage pour le bâtiment dans l’écoquartier Jonction Genève, bâti sur l’ancien site des services industriels de la ville de Genève, et de l’association culturelle Artamis. «La Codha, coopérative de l’habitat associatif, a promu avec Artamis et d’autres associations la réalisation d’un tel quartier. Le but du projet était de préserver l’activité culturelle et de construire du logement.
Un concours d’architecture, où les futurs constructeurs étaient présents, a été organisé par la Ville de Genève.» Fait rare, ces derniers avaient été choisis avant que le plan de quartier ne soit réalisé. La volonté de participer à l’image directrice du quartier était stratégique, dans la mesure où la mise en place devait se faire dès le début. «C’est normal, car un écoquartier se fonde beaucoup sur la participation des habitants. Vu que nous sommes des coopératives d’habitation, deux ici en l’occurrence avec la coopérative des Rois, nous voulions aussi contribuer à l’élaboration du programme du concours et au jugement des quelque 80 projets remis par des architectes concurrents», conclut Éric Rossiaud.
Une réalisation complète
Le bureau Dreier Frenzel architecture + communication a remporté le concours avec le projet social loft et a été chargé de la construction des trois immeubles de l’écoquartier. Celui de la Coopérative de l’habitat associatif (Codha) abrite 94 logements, dont 14 logements communautaires et environ 1000 m² d’arcades.
Si l’autorisation de construire a été déposée en juillet 2011 et complétée en juillet 2012, c’est à l’été 2018 qu’a eu lieu la livraison après trois ans de chantier: «Nous avons gagné ce concours en 2010, raconte l’architecte Yves Dreier. Six maîtres d’ouvrages différents s’étaient réunis pour lancer cette procédure, dont la Codha. La décontamination du site dont le sol était pollué a pris beaucoup de temps, puis il a fallu construire les dépôts patrimoniaux des musées de la Ville de Genève qui se situent sous l’immeuble de la Codha, à 18 mètres de profondeur, sur une surface de 18 500 m².»
Le projet fait la part belle aux logements communautaires, proposant entre autres des ateliers, des potagers, des espaces associatifs et une salle polyvalente. Le label Minergie P-ECO a mené les architectes à traiter les questions de la filière des matériaux et leur valeur en énergie grise. «Ces réflexions nous ont permis de choisir chaque matériau en fonction de son utilité constructive et architecturale», continue Yves Dreier. Il décrit le faible volume de matériau utilisé pour la structure de poteaux et des dalles en béton ainsi que les façades-sandwich en ossatures bois qui créent des bandeaux revêtus d’un crépi minéral à la chaux traité dans la masse.
Ces systèmes de préfabrication sur-mesure permettent d’atteindre des rendement d’isolation très efficaces qui viennent compléter les dispositifs techniques habituels de double-flux et de pompe à chaleur. «La production de chaleur s’effectue par une reprise d’eau du Rhône, selon la solution thermique développée par les Services industriels genevois (SIG) en profitant de l’eau du lac Léman.» Cette technologie présente un grand avantage par rapport aux pompes à chaleur avec reprise de l’air ambiant.
«L’eau est porteuse d’une énorme masse d’énergie et les SIG ont profité de la taille de notre plan et de la proximité du Rhône pour développer un projet de production de chaleur qui permettra dans un second temps de raccorder les bâtiments alentours appartenant à la Ville et à l’État», détaille l’architecte.
Une toiture comestible
Dans l’écoquartier de la Jonction à Genève, les toitures sont largement végétalisées, quasiment comestibles! En tout, 250 mètres de terre de potager s’étendent sur la partie basse de l’immeuble de la Codha. Au sommet des immeubles se trouvent également des pergolas.
Le projet s’intéresse à la thématique du développement durable au travers des aspects économiques, environnementaux et sociaux dans une forme d’équilibrage propre à ce genre de quartier innovant et écologique.
«L’écoquartier est aujourd’hui habité, quelques équipements pour les aménagements extérieurs sont encore en cours de finition», continue Yves Dreier. Les espaces publics et communs sont conçus pour toucher un large public dans une optique intégrative. Une place de jeu sera construite en lien avec la futur crèche. Ces aménagements paysagers complètent l’offre urbaine des 35 arcades sises au rez-de chaussée qui abritent, entre autres, des espaces de coworking, des artisans, un café-torrefacteur, des commerces équitables, une fleuriste et des restaurants des quatre coins du monde.
Allières en construction
Le projet des Allières est situé dans le quartier des Eaux-Vives et est délimité par la route de Chêne au sud et l’avenue de la gare des Eaux-Vives au nord (découvrez l’article : “CEVA et bâti, un impact urbain et immobilier à Genève” ici). Le projet présente une architecture urbaine incluant une réflexion énergétique d’Andrea Bassi, architecte associé chez Bassi Carella Marello Architectes à Genève. «Depuis le début, au-delà des questions urbaines et des gabarits
de bâtiments, nous avons proposé dans la continuité du contexte de bâtiments de 30 mètres de haut en privilégiant la préservation du cadre végétal, décrit Andrea Bassi. Malgré l’abattage d’arbres malades, nous avons sauvegardé de grandes zones vertes et des spécimens solitaires comme les grands cèdres, pour enrichir la qualité du quartier.»
Le bureau a travaillé avec la topographie du site et conçu des bâtiments «pliés» qui épousent la forme du terrain. Réalisées avec des standards de haute performance énergétique, les façades et la toiture consomment peu d’énergie, sur la base d’un squelette préfabriqué en béton. « Nous avons réduit au minimum la partie porteuse pour avoir une ouverture maximale sur l’extérieur, et ainsi instaurer un dialogue avec la verdure. Aussi, nous avons choisi de travailler avec des matériaux comme le gravier et le sable, des agrégats et des matières de la région, sans aucun adjuvant de couleurs particulière.
C’est clair et chaud comme la couleur à Genève.» Ce projet s’intègre naturellement dans ces nouveaux écoquartiers que le Canton arbore avec fierté, dans un dialogue avec l’environnement végétal, soignant l’approche écologique parce que «travailler avec du local est essentiel pour le développement durable», conclut Andrea Bassi.
Aussi, les bâtiments seront raccordés à GeniLac dans le même but d’économie d’énergie utilisée dans l’écoquartier de la Jonction.
Du point de vue de la Régie
Le côté vert et écologique s’étend aussi aux immeubles sous gestion de certaines régies immobilières. Les responsables du service technique de la régie immobilière Moser Vernet & Cie SA indiquent que de nombreuses mesures peuvent être prises dans ce but. Sandrine Delecroix, responsable du service technique de la Régie en binôme avec Karl-Ludwig Kunz, indique : «Les écopoints sont gérés par les communes mais dès leur mise en service nous en informons nos locataires en les sensibilisant à trier correctement leurs déchets. Cela nous tient à cœur et agissons rapidement quand nous remarquons des irrégularités de la part de nos locataires».
Pour la Régie, l’impact énergétique d’un bâtiment est fondamental. Ainsi, les deux chefs de service technique ont suivi la formation ImmoEnergie.
Lors de la rénovation d’un élément de l’enveloppe du bâtiment (fenêtres, toiture, ventilation, etc..), ils étudient les différentes réalisations à «effectuer afin que tous les travaux soient complémentaires pour aboutir à un immeuble avec les meilleures performances énergétiques possible», précise Sandrine Delecroix. Comme préconisé lors de leur formation, ils demandent à un bureau spécialisé d’établir un certificat énergétique (CECB+) qui indique l’état et les consommations énergétiques actuelles, les travaux à réaliser, leur estimation ainsi que les gains possibles des futures consommations des immeubles gérés par la Régie Moser Vernet & Cie SA (découvrez-en davantage sur le service de gérance immobilière ici). Le but constant est une amélioration de l’étiquette énergétique et des performances des immeubles confiés.
Avec les écoquartiers, l’empreinte écologique est considérablement réduite. Voici toutes les conditions d’une vie en communauté labelisée « écolo» pour les collectivités locales et le respect de l’économie, de la sociabilité et de la durabilité, sous une même écoarchitecture.
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